Créés au départ par AVSF pour répondre aux besoins alimentaires des paysans cambodgiens, les stocks de riz au sein des communautés rurales ont lancé des dynamiques qui vont maintenant bien au-delà de simples systèmes de stockages.

Au Cambodge, le riz est l’aliment de base et son prix flambe régulièrement pendant les périodes de soudure (période entre deux récoltes). Les petits producteurs cambodgiens, ne font généralement qu’une seule récolte par an, contre trois à quatre pour les pays voisins tels que la Thaïlande et le Vietnam. Pour les plus pauvres, même produire un cycle de riz par an est devenu difficile car, pendant la période de soudure, ils doivent travailler comme main d’œuvre à l'extérieur de leur village pour gagner l'argent qui leur permettra d’acheter de quoi nourrir leurs familles, au moment même où ils devraient être sur leurs terres pour le repiquage du riz.

Stocker le riz dans un grenier collectif

Pour rompre cet engrenage, AVSF a proposé aux villageois d'organiser des systèmes de stockage de riz. Le principe est simple : une association de petits producteurs s'organise au niveau du village, AVSF finance l'achat du premier stock de riz et la construction d'un grenier collectif. En période de soudure, chaque membre de l'association emprunte du riz selon ses besoins. Après la récolte, le comité de gestion de l’association organise le remboursement du riz. Les petits paysans peuvent ainsi nourrir leurs familles toute l’année. Et surtout, les paysans peuvent passer plus de temps à travailler dans leurs rizières.

Favoriser le développement des associations de producteurs

AVSF forme également les membres de l’association à une bonne gestion, de sorte que ce système de stockage soit durable et devienne un outil de développement économique et social. Le taux d’intérêt payé par les membres permet à l’association d’augmenter chaque année son stock de riz ainsi que le nombre de ses adhérents, et de mener des actions sociales en leur faveur : aides aux orphelins et aux malades, construction de routes, irrigations d’eau, etc.

Mme Sim Cheang, 41 ans, membre de l’association locale, village de Prey Taloy:

« Avant, je devais recourir aux intermédiaires pour emprunter du riz et le taux d’'intérêt était extrêmement élevé. Durant la période de culture du riz, certains membres de ma famille restaient à la maison pour le repiquage du riz et d’autres devaient vendre leur main-d'œuvre, parfois en migrant en dehors du village. Maintenant, ma famille vit dans de meilleures conditions. Grâce à l’association et à son système de stockage du riz, ma famille à suffisamment de nourriture toute l’année, surtout pendant la saison de repiquage du riz. Tous les membres de ma famille ont assez de temps pour faire la culture du riz ensemble. »