Le marché de Tichift, dans la région nord de Tombouctou, a deux
fonctions : la commercialisation du bétail, seule source de revenu
pour les populations nomades, et leur approvisionnement en produits de
première nécessité.
A 150 km au nord de Tombouctou
nous sommes en zone sahélienne : les touareg et les maures dépendent
totalement de leur élevage pour assurer leurs besoins alimentaires.
L’isolement de cette zone rend difficile et coûteux l’accès aux
aliments de base tels que le mil, l’huile... La vente du bétail n’est
possible que lors des passages de camions de commerçants, ou après de
longues et pénibles marches de plus de 150 kms, dans du sable et par
des températures supérieures à 45°. Dans ces conditions de
déplacements, qui affaiblissent les animaux et leur font perdre de leur
valeur, la négociation sur le prix est toujours en faveur des
commerçants et au détriment des éleveurs.
Depuis 2010, AVSF travaille à la mise en place du marché à bétail de Tichift.
Les éleveurs nomades y vendent leurs animaux pour acquérir toutes les
céréales et condiments dont ils ont besoin. Le marché de Tichift leur épargne une marche à pied
d’environ 300 km (le marché le plus proche étant à 150 kilomètres). Des
commerçants algériens et mauritaniens y viennent avec des produits
alimentaires et repartent après avoir acheté du bétail.
Aujourd’hui, sur ce site qui ne comportait initialement qu’une dizaine
de tentes et trois baraquements, se concentrent près de 80
commerces de produits de première nécessité et un restaurant. Plus de
14 500 animaux ont été vendus entre 2010 et 2011, avec une
augmentation de 16% du prix de vente en faveur des éleveurs. Les prix
des produits alimentaires se sont stabilisés, certains ont même
baissé de 20 à 30 % notamment pour l’huile et la farine. En effet les
commerçants, qui auparavant faisaient 300 kms en zone désertique, dans
le sable, sans piste, ont eux aussi réduit leur coût de transport. De
plus, ils réussissent à remplir leurs camions de bétail en deux jours
quand il en fallait quinze auparavant.
Ce marché, qui se tient une fois par semaine, permet aux familles
nomades de la région d’être approvisionnés toute l’année en
produits alimentaires de première nécessité.